Culture de la vigne à Coulaine

La vigne est cultivée à Coulaine depuis 1434, attesté par les archives familiales. A partir de 1787 et jusqu'en 1824 est tenu un journal des vendanges. On ne sait pas encore ce qui s'est passé entre 1824 et 1950 date à laquelle mon grand père a commencé à exploiter ses 2 hectares de vignes et à replanter, mais le domaine a souffert du phylloxera comme tout le monde. Il n'y a jamais eu de chimie sur les vignes à Coulaine et depuis donc maintenant 600 ans les vignes à proximité du château sont en bio. Cela représente plus de la moitié de notre surface, le reste a été officiellement converti en 1994-1997.

Ici vous découvrirez les terroirs de nos vins, notre définition de la bio et nos projets pour aller plus loin.

Les Terroirs de nos vins

Les graviers argileux

On les retrouve sur notre cuvée Les Pieds Rôtis, un de nos deux Chinon Blancs. Ce sont des sols profonds qui stockent bien les nutriments et l'eau, mais sont particulièrement difficiles à travailler s'ils ne sont pas pris au bon moment. Il nous faut faire attention à passer des outils (charrues à disque, intercep) lorsque la pluie est tombée et s'est infiltrée, cela permet de ramollir le sol, sans quoi c'est littéralement du béton et les socs des charrues rebondissent dessus !

Les millarges

Ces sols appelés millarges sur l'appellation Chinon sont présents sur nos cuvées Château de Coulaine et dans une moindre mesure Clos de Turpenay. Ce sont en fait des sables jaunes coquillers, mélangés à des limons. Ces sables sont faciles à travailler, mais leur rétention en eau est faible. Ils sont adaptés pour des rouges classiques, fruités et frais. Par contre, les herbes poussent facilement et rapidement en particulier le chien-dent, et parfois les outils ont tendance à s'enfoncer un peu trop...

Les argilo-calcaire

On les retrouve sur notre cuvée La Diablesse, une de nos cuvées parcellaires. Ce sont des sols agréables à travailler, ils ont une consistance équilibréé, avec parfois une abondance de morceau de tuffeau comme aux Picasses, qui aèrent et réchauffent le sol en emmagasinant la chaleur pendant la journée et la restituant la nuit. La teneur en argile varie également, en fonction de l'endroit, souvent il y en a plus à partir du milieu de pente et jusqu'en bas. Ce sont des terroirs qui produisent les vins avec le plus de complexité aromatique et le meilleur potentiel de garde, en particulier quand ils se conjuguent à une pente qui bénéficie à l'exposition du feuillage. La nature du tuffeau joue également : blanc, il donnera des vins plus minéraux et précis comme sur les Picasses et La Diablesse ; jaune, il en résultera des vins plus austères et sanguins comme dans le Clos de Turpenay.

Les sables argileux

Ces terroirs sont ceux d'une partie du Château de Coulaine mais surtout de la cuvée Bonnaventure. Ce sont des sols assez lourds dans leur partie la plus argileuse, qui collent vite quand il pleut et qui mettent du temps à sécher. Les sables permettent d'aérer le sol, de faciliter le drainage et la circulation de l'oxygène. Ce sont des terroirs productifs, qu'il faut maitriser par une taille légèrement plus courte et sur lesquels il n'est pas autant nécessaire d'apporter des engrais sous forme de fumier composté. Le tuffeau blanc n'est jamais bien loin et les vins produits sur ces terroirs sont plus puissants que sur les sables seuls, avec plus de tannins, surtout les années chaudes comme 2018 ou 2015, il s'en dégage aussi des arômes de fruits bien mûrs et de fumée. Un élevage de 10 mois en cuve de bois assagira cette matière tout en soulignant sa texture sanguine.

Quelques chiffres

Nombre de bouteilles par an : | Surface plantée : (Rouge : 16 ha, Blanc : 3.5 ha) 

Cépage rouge : (100%) | Cépage blanc : (100%) | Mode de vendange :          

Âge moyen des vignes :

Notre vision du travail en bio

 

Depuis 1997, le domaine est certifié en agriculture biologique, le premier à Chinon. La réflexion a cependant commencé bien avant, car depuis la refondation du domaine en 1989, la volonté de travailler les sols mécaniquement, et sans utiliser d'herbicides avait déjà germé.

A l'époque, mes parents n'avaient que quelques hectares et seulement quelques vieux outils et de l'huile de coude. Pour couronner le tout, les produits chimiques, étaient bien plus nocifs et utilisés à plus hautes doses qu'aujourd'hui en plus d'être chers. Ils avaient remarqué empiriquement et selon leurs goûts, que les vins étaient plus riches, plus complexes, plus vivants, lorsque la vigne s'épanouissait sur des sols travaillés et reposés des attaques chimiques. En effet, depuis la 2ème et la 3ème révolution agricole (la mécanisation et la chimie), les sols sont malmenés : arrosés de désherbants, raclés et retournés de fond en comble, ils ne se maintiennent que grâce à des apports exogènes (des intrants chimiques).

Le passage en bio implique donc de ne plus utiliser une majorité des produits chimiques de synthèse pour les traitements phytosanitaires et le désherbage. En dehors du soufre et du cuivre, que nous utilisons largement en dessous des normes françaises et européennes (moyenne de 1 kg de Cuivre actif par hectare contre 4 kg autorisés) nous nous servons aussi de répulsifs naturels pour les ravageurs (cervidés, papillons...).

Être en bio ne signifie donc pas  ne pas traiter, mais de limiter les excès, de faciliter la lutte biologique en regardant les autres plantes, les insectes en tant qu'aides/auxiliaires et pas forcément en ennemis/ravageurs et d'être plus dans la conciliation entre notre travail et le respect de notre environnement commun.

La viticulture biologique s'appuie sur des techniques ancestrales remontant parfois au Moyen-Age et à l'Antiquité, des observations de terrain, des tests et des résultats qui sont robustes sur plusieurs siècles, avec une accélération ces dernières décennies grâce aux progrès techniques : croisements, mécanique, chimie (pour les analyses de sol, les nouveaux produits de lutte biologique...). En somme, elle associe le meilleur de l'empirique, de la mémoire des hommes avec le progrès agronomique et écologique.

Attention, la viticulture biologique est en constante évolution, elle n'est coincée ni au 19ème ni au Moyen-Age ! En ce moment, les travaux agronomiques autour de la fertilité des sols montrent par exemple l'importance du couvert végétal, qui aide à maintenir sinon à améliorer la fertilité intrinsèque des systèmes viticoles. Nous réfléchissons actuellement à moins travailler les sols entre les rangs, en préservant le couvert naturel ou en semant des mélanges de plantes nutritives pour la vigne, ainsi qu'à la mise en place de confusion sexuelle naturelle (phéromones) pour lutter contre la prolifération des papillons ravageurs de la grappe.

On voit souvent des comparaisons des produits pouvant être utilisés en particulier sur les vins bio et les autres vins biodynamiques et naturels. Sachez qu'hormis le soufre, que nous ajoutons à doses réduites, nos vins pourraient être qualifiés de nature (<30mg/L de SO2 Total), et les compléments azotés (matière organique), nous n'ajoutons rien de plus. La bio est en plus certifiée par un organisme indépendant 2 fois par an, avec prélèvement de bouteilles, de feuilles, de sol et un contrôle administratif, ce qui n'est pas forcément le cas avec les autres labels. 

A Coulaine, nous plaçons nos espoirs dans cette vision de l'agriculture qui trace une autre voie entre le tout-pesticide et le radicalement ésotérique.
 

Travail du sol en bio

Un refuge pour les oiseaux et la petite faune

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Depuis 2020, un recensement est mené par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Il vise ensuite à mettre en place le statut de refuge, qui oblige à respecter un certain nombre de mesures en faveur des oiseaux, de leur habitat et de leurs habitudes. Il a été recensé 80 espèces différentes dont le bouvreuil pivoine, faucon crécerelle, bruant jaune... ce qui est assez exceptionnel et révèle la qualité de la zone.

Le but est que toute la zone représentée ci-contre ait ce statut, mais les limites sont encore à définir. La continuité est très intéressante : du nord au sud, des plateaux sableux avec des essences sudistes, le parc de 7 ha avec ses cèdres tricentenaires, la zone d'habitats anciens, puis des champs cultivés en bio dont nos vignes, et enfin le bocage près de la Vienne. Nous allons préserver la zone bocagère qui est exploitée en bio par un agriculteur local et fauchée seulement une fois par an. La zone actuellement cultivée en vigne va être doublée d'un verger haute-tiges plus apte à l'habitat de la petite faune- sur 2 hectares de pommiers et poiriers à cidre, de framboisiers, de cerisiers et de cormiers à la place d'un champ exploité jusqu'à présent en chimie et classique blé-maïs-tournesol. Des brebis solognotes, race conservée et peu répandue, sont déjà à paître dans les vignes.

Nous avons la volonté d'en faire un véritable havre et une zone champêtre préservée, variée, au service des animaux mais pas seulement. En effet, si nous plantons et préservons c'est aussi pour vivre, et ce ne sera pas une zone vierge, laissée à la seule volonté de la Nature, en tout cas pas partout.  Nous pensons que nous pouvons vivre en harmonie avec elle et pour cela nous nous employons à utiliser les techniques biologiques, et à limiter les traitements, même bio sur cette zone. Nous faisons le pari que la diversité des oiseaux et des chauves-souris régulera les ravageurs, que les arbres plantés dans les vignes aideront à limiter le gel et apporteront leur ombrage lors d'étés caniculaires.

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